samedi 1 septembre 2007

ben msayeb poète chaabi

Abou Abdillah Mohamed Ben’Ahmed Ben’Msayeb est né vers la fin du 17ème siècle à Tlemcen. Sa famille originaire d’Andalousie s’était installée à Tlemcen après la chute de Grenade, dernier royaume musulman d’Espagne.

A Tlemcen, le jeune Mohamed apprend à lire et à écrire à l’école coranique. Il apprend également le Coran, la grammaire et le fiq’h. Mais, ses études ne durent pas longtemps parce qu’il doit travailler pour aider sa famille.

Il intègre un atelier de tissage où il apprend à composer avec les fils et les couleurs, avant de composer des vers et des musiques. La poésie qui le rendra célèbre par la suite, commence avec Aicha. Une jeune fille qui venait souvent à l’atelier où il travaillait. Il tombe amoureux de Aicha à qui il écrit de nombreux poèmes. Il brave tous les interdits sociaux de l’époque, et il écrit des poèmes d’amour à la jeune fille qu’il désigne de son nom. Il dit :
Soltane el’hob ett’gha w’djar ânni b’djich kathrat fel hob techwachi
Men Aicha la îcha wa la fi dhanni n’îch rani bel hedjra rachi

Ceci lui vaut la haine de la famille de Aicha qui d’après le poète ne veut pas de lui à cause de sa pauvreté. Il nous l’apprend dans un de ses poèmes, lorsqu’il dit :
Men la ândou flous meskine b’hali yebqua bin’houm dhlil
Welli ândou flouss fel’mquam elâli soltane ou ttaleq essbil

La famille de la jeune fille va se plaindre aux autorités. Et Benmsayeb est alors pourchassé et doit fuir au Maroc. Mais, il semblerait que ce ne soit pas la seule raison de sa fuite.
A son époque, vers la fin du 17ème siècle, Tlemcen était le centre d’affrontements continus entre les Deys ottomans et les souverains du Maroc. Le Maroc qui restait indépendant de l’autorité ottomane mais qui, néanmoins, ne désespérait pas de récupérer le Maghreb. Le Maghreb des Almohades ou du moins, des Mérinides.

Le poète Benmsayeb prend position pour les souverains du Maroc dans plusieurs poèmes, où il pleure la beauté et la gloire de la ville de Tlemcen tombée aux mains des ottomans. Il dit :

Kanet blad ya hasret’ha mettbouâ bel’lbass wel’hemma
Mlouk ârfa quimet’ha B’ni M’rin ahl el’hikma
Hazet m’â la’ârab ând el’omam chan w’hemma
Rdjal çayla b’neçret’ha y’ândou bttal ellema

C’est apparemment cette prise de position qui l’oblige à fuir Tlemcen vers le Maroc où il demeure pendant quelques années. Et c’est à partir de cette époque que le poète change complètement de registre. Il ne chante plus l’amour profane mais plutôt l’amour divin. Tous ses poèmes ne seront plus consacrés alors qu’à l’invocation de la clémence de Dieu et à l’éloge du prophète.

Il avait entrepris à partir du Maroc un long voyage à travers le Maghrib et le Machriq pour accomplir son pèlerinage à la Mekke. C’est de ce voyage et de ce pèlerinage que vient le changement. Il ne composera plus que des vers pour implorer la miséricorde divine car il regrette ses années passées et sa jeunesse perdue.
Ilik nechki b’amri ya l’wahdani Ya krim nettolbek taâfou âliya
La t’hassebni ân ma fat fi zmani ilik netwessel ya Mohamed ya bou rquiya
Lilet nemssi wahdi khoft fi kfani ya lttif elttof ya rahmane biya

Benmsayeb va tenter d’expier ses fautes en accomplissant lui-même une opération de nettoyage dans son répertoire. Il écrit alors et pour chacun de ses poèmes profanes, un poème semblable mais, religieux, composé selon la même métrique que le premier. C’est ainsi que son répertoire dépasse plus de 2000 poèmes.

Il atteint un degré de ferveur et de piété proche du soufisme. Ce qui lui vaut la reconnaissance populaire et la clémence des autorités ottomanes qui l’autorisent à revenir à Tlemcen après de longues années d’exil.

Et c’est à Tlemcen qu’il décède vers 1768. Il est enterré alors près du mausolée du Cheikh Snoussi.

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